Qui suis je ?
Lesdoigtsnoirs — Graver, pour résister
Je m’appelle Isabelle Isis D.C., et j’ai fondé Lesdoigtsnoirs en 2012.
Pas comme on fonde une entreprise, mais comme on lance un cri dans la matière.
Un jour, j’ai pris une gouge et j’ai commencé à graver. Pas pour décorer. Pour résister à l’éphémère. Pour laisser une trace.
La gravure est devenue ma langue, mon rythme, ma manière d’exister.
Graver, c’est inscrire ce que le temps voudrait effacer : la mémoire, l’amour, la colère, la beauté brute.
C’est un acte lent, précis, presque obstiné. Et dans ce monde qui va trop vite, je revendique la lenteur comme un luxe, la main comme une arme, et l’artisanat comme un acte politique.
L’atelier
Mon atelier, c’est mon territoire.
Pas un espace aseptisé avec des blouses blanches, mais un lieu vivant, tâché d’encre, saturé de papier, traversé de musique et d’idées.
C’est là que je taille, je creuse, je grave, je recommence.
Chaque plaque est une conversation entre la matière et moi : parfois douce, parfois rugueuse, souvent imprévisible.
Ici, rien n’est standard.
Chaque pièce naît d’un moment, d’une émotion, d’un désir.
La main tremble un peu, le trait dérape parfois — et c’est là que la magie se glisse.
L’imperfection, c’est la vie qui s’imprime.
Engagée, féministe, indocile
Je crée avec mes mains, mais aussi avec mes convictions.
Je suis une femme qui fait, qui trace, qui imprime.
Et dans un univers souvent masculinisé, je revendique la place du corps féminin créateur — libre, ancré, sans concession.
Je ne cherche pas à faire “joli”.
Je cherche à faire vrai.
L’art brut m’inspire : cette manière de dire sans fard, de laisser parler la matière sans la dompter.
Je n’ai pas peur du noir, des creux, des taches d’encre. Ce sont mes empreintes, mes cicatrices. Elles disent que j’étais là.
Je grave des mots d’amour, des symboles, des identités. Des luttes, aussi.
Car la gravure, c’est une manière de dire “je suis là”, sans hausser la voix.
Un art du murmure qui dure plus longtemps que le bruit.
Lesdoigtsnoirs, c’est moi — et un peu plus
Derrière ce nom, il y a mes mains : noircies d’encre.
Mais il y a surtout une envie de liberté.
De créer sans demander la permission.
De mêler la rigueur du geste et la fureur du cœur.
De montrer que l’artisanat n’est pas une nostalgie, mais une résistance.
Lesdoigtsnoirs, c’est un espace où la matière devient manifeste, où l’objet devient message.
Un atelier de gravure, oui.
Mais aussi un atelier de vie, d’insolence et de beauté brute.
Parce qu’au fond, graver, c’est dire :
“Je suis là. J’existe. Et je n’ai pas peur de laisser une trace.”